Fragmentation et recomposition
Le thème retenu est métaphysique. Il doit imprégner le lieu puis s’effacer. Le médium choisi est l’art. L’intervention doit être délicate et précise. Ce site n’est pas un parc contrôlé, ce n’est même pas Morat, notre site, avec un tel thème, c’est la terre des hommes, c’est l’univers. Le tout est de mettre Morat, le lac et l’ensemble du paysage en résonance avec notre thème.
Le premier but sera donc de donner à voir le site dans l’instant et dans son côté immuable. Certains éléments du site sont incompatibles avec le thème, le port de plaisance, le terrain de football… On peut voir, on peut entrer dans plus de la moitié de l’expo. Morat est une magnifique ville historique. Il est hors de question qu’elle puisse être uniquement en parallèle et indépendante de l’expo. Nous cherchons des lieux… Le château ? Les tours des remparts ? Le musée ? Nous allons créer des interférences, des compléments… C’est un lieu de parcours, de découvertes, de surprises… Le lac est aussi un thème.
« Ô temps, suspends ton vol ! » Deux ou trois événements au lointain… Mirage ? Temple ? Plate-forme technique ? Observatoire ? Volume massif, hermétique, mystérieux, inquiétant… Brouillards, vapeurs… Cette exposition, c’est le refus de la dissociation contenu-contenant. Les contenants sont des œuvres au même titre que les contenus. C’est une attitude sur la distanciation qui provoque une relecture du site naturel et des constructions existantes. Cette exposition, c’est la fragmentation comme moyen de recomposition. C’est le contraire de l’exposition d’art simplement accumulatrice où l’artiste ignore ce qui se passe autour. Au lieu d’une gigantesque exposition concentrée où tout est interférent, nous proposons trente ou quarante mini-expos. Le visiteur peut commencer sa visite où il veut. On peut « rentrer » dans l’expo à n’importe quel point du parcours et visiter au rythme et dans l’ordre que l’on souhaite.